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Libération

Nous restons des villageois

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par Marco KOSKAS
publié le 13 juillet 2002 à 0h24

Samedi

La foire pour vider notre peur

Cette semaine commence mal, ici même, avec le journal vaseux de Virginie Despentes qui se plaint du bakchich de Libé. Quelle classe, celle-là !... Mais ça s'arrange vite avec la foire du Trône, qui s'est installée aux Tuileries pour l'été. Mon fils finit par m'y traîner, et si j'y vais à contrecoeur j'en reviens toujours épaté. Quelle inspiration, ces forains ! On les croit à jamais figés dans les autos tamponneuses et la barbe à papa alors qu'ils inventent chaque année de nouvelles folies qui arrachent des cris d'effroi aux clients et aux badauds. Pourquoi cette année ces cris me rappellent-ils ceux qu'on entend après un attentat, sur les marchés d'Alger ou dans les bus de Tel Aviv ? Depuis le 11 septembre, notre perception est bouleversée par une armée de salopards, dopés à la haine de soi, qui sème la mort aux quatre coins du monde. Alors, soyons reconnaissants aux forains de nous vider de notre peur sans nous vider de notre sang.

Soyons également reconnaissants au général Nezzar d'avoir choisi les tribunaux français pour demander justice. Non content d'avoir réduit les Algériens au désespoir, il comptait sur l'ancienne puissance coloniale pour le laver d'un affront. Quelle schizophrénie ! Mais quel aveu aussi ! Nezzar fait partie de ceux qui ont mené l'épuration ethnique de l'Algérie en 1962 ; de ceux qui ont décrété que seuls les musulmans auraient le droit de vivre dans ce pays. Aujourd'hui, les Algériens crèvent de ce manque d'altéri