Samedi
Larguons les amarres
16 h 30. Je rentre de la plage, les cheveux pleins de sel, je me verse un verre d'eau glacée, avec la vague sensation d'avoir quelque chose à faire d'important et soudain je me souviens : «le journal de la semaine». Léger pincement d'angoisse. En général, je n'écoute pas la radio, je ne regarde pas la télé. Je me contente du quotidien local, décryptant l'info à travers les lignes. A mon sens, les jours qui se suivent distillent toujours la même information, insondable océan de tristesse qu'agitent de houleuses péripéties. Bon, donc numéro un : mettre la main sur le Nice-Matin qu'on reçoit au bureau. Mon actualité n'est pas forcément l'actualité. Je vis dans la bulle dorée de la Côte. Mon actualité aujourd'hui, c'est le sable, l'eau transparente de septembre, c'est nager, manger au soleil, parler avec des amis qui se séparent, rentrer écrire un peu de mon nouveau livre, me retrouver du coup dans le désert du Lut, à respirer du sable. La «vraie» actualité, tous ces actes alités sur leurs couches de papier journal, brûlants de fièvre et de douleur, me renvoient à la colère, à l'impuissance et à la frustration. Moyen-Orient en feu, Bush en croisade pétrolière, Bornéo asphyxié : chroniques de morts annoncées. La mondialisation me hérisse et, malgré moi, je suis plus fascinée par les «faits divers», ces faits si singuliers, que par la tectonique des multinationales. Une femme brûlée vive sur un parking. Une jeune fille victime de viols avec barbarie. Chac