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Libération

La leçon de choses allemande

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publié le 28 septembre 2002 à 1h10

La victoire sur le fil de Gehrard Schröder et de Joschka Fischer constitue la leçon de choses la plus utile, la plus éclairante et la plus opportune qui soit pour la gauche française. La première constatation, simple jusqu'à l'évidence, claire comme le bon sens, est que c'est une gauche allemande réformiste sans le moindre complexe, pragmatique sans la moindre hésitation, social-démocrate et écologiste mais dans les deux cas résolument réaliste qui l'a emporté. Gehrard Schröder est un spécialiste du réalisme de gauche, Joschka Fischer incarne la conversion des maximalistes Verts à la culture de gouvernement : venu du gauchisme, il a compris mieux que personne que les réformes accomplies avaient plus d'intérêt que les révolutions introuvables.

Gehrard Schröder a imposé une réforme fiscale intelligente (elle encourage les plus entreprenants, elle allège le fardeau des plus modestes) et une réforme des retraites judicieuse (elle sauvegarde la retraite par répartition, elle la complète en favorisant une épargne volontaire). Joschka Fischer a obtenu des inflexions audacieuses en ce qui concerne le code de nationalité, l'écotaxe et, à tort ou à raison le nucléaire. Ce réformisme-là est le contraire d'une renonciation ; ce réalisme est aux antipodes d'une banalisation.

Les vainqueurs allemands tournent le dos aux chimères de rupture mais se distinguent fort bien des conservateurs. Pour ceux qui en France croient à la vertu rédemptrice de la surenchère rhétorique, d'ailleurs couplée a