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Libération
Reportage

Se chauffer à la bombe

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Que faire des armes nucléaires dont on ne veut plus? Transformer le plutonium militaire en combustible pour centrales électriques. Une technologie française déjà vendue aux Etats-Unis.
publié le 28 septembre 2002 à 1h10

Marcoule envoyé spécial

Dans six ans, des milliers de foyers américains s'éclaireront et se sécheront les cheveux à la bombe atomique. Au plutonium plus précisément. C'est original. L'affaire, cependant, ne consiste pas à faire exploser des ogives nucléaires dans les salles de bain ­ chaleur et lumière garanties, quoiqu'en quantités redoutables ­ mais à recycler une partie de l'arsenal atomique américain dans la production d'électricité. C'est ainsi que 34 tonnes de plutonium issues du démantèlement de missiles stratégiques vont être «brûlées» à petit feu dans quatre réacteurs nucléaires de la Duke Power, une compagnie qui dessert les foyers des Etats de Caroline du Nord et de Caroline du Sud. Cette flambée post-communiste s'étalera sur une quinzaine d'années, à partir de 2008. Il y aura là de quoi alimenter en électricité un département comme les Bouches-du-Rhône, pendant autant de temps.

1-La guerre froide dissoute dans le côtes-du-rhône

Evacuer les vestiges de la guerre froide dans les prises de courant est une opération joliment symbolique, doublée d'un chantier technique peu banal. Ce dernier est déjà largement entamé puisque ce mardi 17 septembre, onze experts américains en sûreté nucléaire se retrouvent parachutés au milieu du vignoble des Côtes-du-Rhône. Ils sont venus à Marcoule (Gard) visiter une usine de la Cogema qui sera bientôt clonée aux Etats-Unis : l'installation sert à transformer du plutonium en combustible nucléaire. L'usine au coeur des vignes s'appelle Mel