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Libération

American graffiti

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publié le 5 octobre 2002 à 1h18

Késaco ? Un montage bidouillé par ordinateur ? Une performance de land art à forte teneur provocatrice ? Non, une publicité pour Coca-Cola peinte sur un rocher près du col de Rohtang, dans l'Himalaya indien. C'est une image presque trop tout. Trop incroyable, trop automatiquement révoltante, et surtout trop paradoxalement publicitaire puisqu'elle pourrait servir de slogan fédérateur pour les militants antimondialisation. Dame nature affublée d'un tee-shirt Coca. De là à ce que demain elle bouffe du McDo en slip Calvin Klein...

L'article de notre correspondant nous apprend que cet affichage, ainsi que 140 autres dévolus pour partie au concurrent Pepsi, a été entrepris dans un site écologiquement indemne et partant, fortement touristique. De fait, il paraîtrait commercialement plus incertain de tatouer Coca sur un bidonville de Bombay où le prix de la petite bouteille marron doit représenter plusieurs jours de travail pour l'esclave moyen. Quoi qu'il en soit, justice a été faite : la Cour suprême indienne a condamné Coca à une «forte amende» pour outrage aux rochers (63 000 euros, ce qui pour la firme d'Atlanta doit représenter 14 secondes de la consommation mondiale de Coca).

Mais la justice indienne n'a pas condamné le tourisme ayant donné l'idée de cet outrage. Bref, c'est ce qu'on appelle un piège à cons. D'une main, celle qui juge et venge, Coca est pratique puisque son logo est identifié jusqu'au fin fond du monde, en l'occurrence l'Himalaya, comme symptôme de la vilenie a