Il y a une odeur de légumes qui mijotent, des lumières tamisées et des fauteuils douillets. Il commence une phrase : «Quand je viens dans ta chambre c'est pas que pour faire l'amour.» Elle l'interrompt : «Mais c'est quand même un peu pour faire l'amour.» Il lui donne raison. Elle, 44 ans, éditrice, brune, cheveux courts, la voix douce. Lui, 40 ans, consultant, gai, bavard, en perpétuelles allées et venues entre la cuisine et le salon. Michel et Blan dine (1) sont ensemble depuis sept ans. Ils font chambre à part, et ont «très envie» d'en parler, car «souvent, ça choque les gens, il faut briser ce tabou». Blandine fait visiter l'appartement, 93 m2, dans le XVIIIe arrondissement, à Paris. «Là, c'est ma chambre, avec mon bordel, mes habits, j'aime bien le fouillis.» De l'autre côté de la cloison, il y a la chambre de leur petite fille de 4 ans. Et en face, en traversant le couloir, celle de Michel. Placards impeccables, couette tirée à quatre épingles... «J'aime ranger», sourit-il. «Faire chambre à part, c'est aussi ça. Respecter l'autre, sa façon de vivre. Nous, on ne croit pas à la fusion. Pour s'aimer, il faut exister librement.» Blandine complète : «On aime bien dormir ensemble aussi. Le fait d'avoir chacun sa chambre, c'est romantique, il faut toujours refaire une cour, pour que l'autre vous invite. C'est un renouvellement quotidien de l'amour.»
La peau de l'autre. On sonne. Le cousin de Michel est invité à dîner. Michel et Blandine font chambre à part ? Il n'était pas au c