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Libération

La tentation du védrinisme

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publié le 5 octobre 2002 à 1h18

Hubert Védrine a publié la semaine dernière dans le Monde un article qui mérite qu'on y revienne en raison de la force de la thèse qu'il expose, du danger qu'elle représente et de la qualité de son auteur. Hubert Védrine, on le sait, a joué un rôle essentiel dans la politique étrangère de la France puisqu'il a successivement été le principal conseiller du président François Mitterrand dans ce domaine, le secrétaire général de l'Elysée et enfin, cinq années durant, le ministre des Affaires étrangères du gouvernement Jospin. Il s'est ainsi taillé une réputation de compétence, d'autorité et de réalisme affiché jusqu'à la provocation. Il en donne aujourd'hui un exemple cruel.

Son angle d'attaque est imparable : l'Europe va se métamorphoser, ses institutions vont être vraisemblablement bouleversées et la question pour la France est de savoir si elle a intérêt à concéder de nouveaux pans de souveraineté. Hubert Védrine a toujours regardé l'Europe avec des yeux vairons, l'un mitterrandien et l'autre gaullien. Il souligne ici avec une rudesse délibérée (et discrètement jubilatoire) cette vérité inconfortable : sur la politique agricole commune, sur l'exception culturelle, et même ­ et surtout ­ sur la conception de l'Europe-puissance, les convictions françaises sont aujourd'hui minoritaires parmi les Quinze, et le seront plus encore lorsque nous serons vingt-cinq, en 2004. Accepter que le vote à la majorité devienne la règle, que le droit de veto national disparaisse, c'est donc s'ex