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Libération
Reportage

Substantifique moëlle

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La thérapie cellulaire pourrait-elle soigner les paraplégiques? Le premier essai clinique a commencé en Australie.
publié le 5 octobre 2002 à 1h19

Brisbane (Australie) envoyé spécial

«Ce n'est pas de la physique nucléaire», s'excuse le docteur Chris Perry. Il plonge un forceps à biopsie dans le nez de sa patiente, endormie pour une opération de chirurgie réparatrice. Chris Perry poursuit en toute modestie son travail coutumier de chirurgien spécialiste du système rhinopharyngé. Pourtant, le 24 juin, il a participé à une intervention sans précédent, dans un domaine qui n'a rien à voir avec le remodelage d'un appendice nasal.

Ce jour-là, à l'hôpital Princess Alexandra de Brisbane, une équipe d'une dizaine de biologistes, de médecins et de chirurgiens a procédé à une singulière opération sur une personne devenue paraplégique à la suite d'un accident : le patient a reçu dans la moelle épinière des milliers de cellules provenant, à l'origine, d'un prélèvement réalisé sur... son propre nez. Cette opération est la première étape d'un essai clinique qui pourrait ouvrir une nouvelle voie au traitement des paralysies. «Notre hypothèse, précise le neurobiologiste François Féron, est que ces cellules nasales greffées favorisent, à terme, la régénération de la moelle épinière en aidant les cellules à construire un pont nerveux au niveau de la lésion. Ce pont permettrait aux influx nerveux de recommencer à circuler dans les deux sens, et rendrait aux patients des fonctions sensorielles et motrices.»

Cellules nerveuses. Le protocole de cet essai peut surprendre, tant il y a loin du nez aux jambes. Pourtant, entre le contrôle de l'odorat