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Libération

«Qui vole un sucre vole un oeuf.»

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publié le 12 octobre 2002 à 1h24

On n'a pas beaucoup entendu la gauche sur la sécurité, ces jours-ci. Si les socialistes avaient encore été au pouvoir, nul doute que la droite aurait honteusement exploité les récents faits-divers exceptionnellement épouvantables. On a l'impression que le PS se trouve dans une situation impossible. Ou il se conduit avec la même démagogie que la droite quand celle-ci est dans l'opposition ­ et à quoi bon exister ? Ou il se tient coi, comme admettant que la sécurité n'est pas trop son cheval de bataille et que la façon dont il l'enfourcha durant la campagne présidentielle ne fut manifestement pas très habile. En plus, Bertrand Delanoë a été agressé en plein Hôtel de Ville socialiste, c'est comme s'ils n'étaient pas fichus d'assurer leur propre sécurité. Cette incurie de la gauche est aussi l'impression que, d'une manière plus générale, souhaite donner la droite. C'est comme si, paradoxalement, plus il y avait de crimes et d'insécurité et plus on accordait de confiance à l'actuel ministre de l'Intérieur. De même que la droite feint de trouver dans chaque ministère des trous budgétaires lâchement abandonnés par le précédent gouvernement, de même l'héritage Jospin serait constitué d'un déficit de sécurité impossible à combler à la seconde.

Pour quelqu'un qui n'aime pas les politiciens ouvertement homosexuels, Bertrand Delanoë était une cible idéale. Il n'y avait pas un choix fou. Si l'agresseur détestait aussi les Noirs et les Arabes, il n'aurait quand même pas pu élargir le champ