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Libération

Les choses humaines

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par Yasmina Khadra
publié le 2 novembre 2002 à 1h38

Samedi

A l'assaut des quiétudes

Hier, les Américains ont poussé un énorme ouf. Le sniper est hors d'état de nuire. En réalité, ils étaient deux ; un homme et son beau-fils. Ils ont aménagé leur voiture en stand de tir et sont partis à l'assaut des quiétudes. Ils choisissaient leur victime au gré de leur humeur. Plus personne n'était à l'abri dans le Maryland. La peur se lisait sur tous les visages, et un sentiment d'extrême vulnérabilité livrait les badauds à la pire des épreuves, la roulette russe. Mais c'est fini, les tueurs sont derrière les barreaux. Les gens peuvent reprendre une vie normale, et le chef de police Moose a enfin droit à un petit somme bien mérité. Pour combien de temps ? Le Diable seul le sait...

Aujourd'hui, c'est au tour des Russes d'applaudir leurs troupes d'élite. Vladimir Poutine a déclaré l'opération positive. Les rebelles tchétchènes, qui avaient osé transformer une comédie musicale en une farce cauchemardesque, ont été abattus. C'est vrai, une cinquantaine d'otages a péri au cours de l'assaut, mais cela aurait pu être pire, a tenu à rappeler le ministre de l'Intérieur russe. On a vu des bombes sur les sièges, des «houris» vêtues de noir exhiber leur ceinture explosive, des rebelles négocier à leur manière la paix en Tchétchénie, des soldats se trémousser d'impatience derrière leur hypothétique abri, trois femmes fausser compagnie à leurs ravisseurs, vite récupérées par des flics à l'affût, le corps d'une moins chanceuse transporté par des brancardier