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Libération
Reportage

Propre comme un cochon?

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Comment se débarrasser du lisier de porc? Plusieurs traitements sont mis en oeuvre. Aucun ne permet d'éviter les pollutions. Recherches et débats continuent.
publié le 2 novembre 2002 à 1h38

Romillé (Ille-et-Vilaine) envoyée spéciale

Lentement, la turbine brasse le fétide brouet maronnâtre. De la cuve monte une odeur typique de la campagne bretonne : le fumet des déjections des 8,25 millions de porcs ­ 55 % du cheptel français ­ élevés dans la région. Dans cette cuve, baptisée «réacteur», une transmutation est en cours. Elle vise à rendre le lisier moins agressif pour l'environnement. En soi, ce mélange d'excréments solides et liquides n'est pas un polluant. Epandu sur les cultures au moment où elles ont besoin de se nourrir, et dans des quantités qui n'excèdent pas leur appétit, il fait même un excellent engrais. Mais déversé n'importe quand et en trop grandes quantités, il n'est pas absorbé par la végétation, et file dans les cours d'eau, qu'il pollue durablement en raison de l'azote ammoniacal qui entre dans sa composition et fait du lisier une des plaies de la Bretagne.

Dans la cuve, la neutralisation du gaz se fait en deux phases. Alternativement, la turbine se met en route, brasse le lisier et permet son oxygénation, puis s'arrête. Cette alternance entre des phases d'aération et d'anoxie provoque l'évaporation dans l'atmosphère de l'azote ammoniacal présent dans les déjections. «Les séquences d'aération permettent le développement de bactéries nitrifiantes qui transforment l'azote ammoniacal en nitrates», explique José Martinez, directeur de l'unité de recherche sur la gestion des effluents d'élevage et des déchets municipaux du Cemagref, l'institut public d