La morale internationale est comme les armes chimiques : tout est une question de dosage. C'est ce que semblent nous dire la prise d'otages du théâtre de Moscou et sa meurtrière résolution. Tout le monde nous explique que c'est pour avoir eux-mêmes les mains libres en Irak que les Américains ont laissé carte blanche aux Russes contre les Tchétchènes. C'est sûr que c'est maintenant l'intérêt de Vladimir Poutine qu'on détruise l'arsenal biologique de Saddam Hussein, comme ça, il serait le seul à en détenir un et ça renforcerait son pays. A moins que les Américains aussi aient des armes chimiques. En terme d'équilibre de la terreur, ce serait plus judicieux. Simplement, ça retirerait un certain poids aux arguments éthiques de George Bush contre l'Irak. Les Russes prétendent maintenant est-on obligé de leur faire entière confiance ? que le gaz utilisé contre les kamikazes tchétchènes n'était pas du tout interdit : ne serait-il pas encore plus inquiétant qu'une arme chimique aussi assassine soit autorisée ? Comme naguère «communiste», «terroriste» est un mot qui tue, qui disqualifie (Sharon l'emploie contre Arafat), ouvrant la porte à une sorte de maccarthysme planétaire. L'affaire de Moscou montre que le mur de Berlin est vraiment tombé : désormais, les Russes et nous avons les mêmes ennemis. Les Russes sont nos alliés, un peu brutaux les Slaves sont tout d'une pièce mais nos alliés.
On savait que tous les morts n'ont pas la même valeur, la façon dont on les tue leur donn