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Interview

La Turquie ne doit pas avoir peurde sa propre diversité

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Orhan Pamuk, romancier turc, resitue la victoire des islamistes dans l'histoire de son pays.
publié le 9 novembre 2002 à 1h42

Orhan Pamuk, romancier turc, resitue la victoire des islamistes dans l'histoire de son pays.

Le triomphe des islamistes modérés de l'AKP aux élections du 3 novembre vous a-t-il surpris ?

Il y a six mois nous jouions avec des amis à faire des prévisions sur les résultats d'éventuelles élections anticipées et j'avais donné Recep Tayyip Erdogan vainqueur avec 33 % des voix. Finalement, je n'étais pas loin du compte. Une grande partie de l'opinion publique conservatrice, et pas seulement islamiste, considère ce leader comme quelqu'un qui a été opprimé pour ses idées et qui, pour elles, a dû passer quatre mois en prison (le leader de l'AKP avait été condamné «pour incitation à la haine religieuse» après avoir cité dans un discours en 1997 les vers enflammés de Ziya Gökalp, poète et intellectuel nationaliste du début du siècle, ndlr). En outre, il fut un très bon maire d'Istanbul et n'a pas été sali dans des scandales. Ses manières de parler ou de bouger plaisent aux gens. Il insiste sur la justice sociale. Il emploie des mots simples pour des idées simples. Il vient du peuple et il paraît être «un mec qui en veut». Je suis personnellement un libéral, plutôt de gauche, et je connais certes son passé de militant islamiste radical. Je me refuse néanmoins à avoir des a priori à son égard et j'espère que les Européens auront une attitude similaire. Après tout il y a une certaine ironie à voir aujourd'hui ce tribun jadis ennemi de l'Occident et de l'UE qu'il pourfendait comme un «club de