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Libération
Reportage

Les particules alimentaires

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Et si la cuisine devenait une affaire d'ingénieurs d'ingrédients, d'arômes et de formules... Magique, non ? Les recettes sont déjà dans nos assiettes.
publié le 9 novembre 2002 à 1h43

La cuisine est vaste, propre et blanche. Une large baie vitrée encadre un espace vert et net, pelouse et haies... Le maître du lieu, Daniel Laloux, ventre rond comme il se doit, présente l'équipement avec la fierté de la maîtresse de maison dans Mon Oncle. «La balance», d'abord ­ lisse, inoxydable : «C'est mon outil principal, on pèse beaucoup.» Le robot : «Il fait deux choses à la fois. Il mixe et chauffe. On l'a acheté par correspondance, dans les 7 000 francs.» La machine à faire des pâtes (présentement coiffée d'un plastique transparent) : «De la coquillette à la torsade.» Et puis aussi : «Un appareil à mesurer la viscosité des liquides.» Une jeune femme vêtue de blanc entre, un stylo à la main, se penche sur un groupuscule de muffins blonds chaussés d'un moule de papier blanc, seule nourriture visible sur les dix mètres d'un plan de travail immaculé comme la banquise, inspecte chacun, inscrit un numéro et une observation cryptée sur chaque papillote, glisse dans la pièce à côté. On la suit.

C'est une seconde cuisine où flotte une odeur de bonbon anglais. Elle vient de cette casserole qui chauffe sur la gazinière, derrière une Cocotte-Minute ordinaire, et que touille une autre jeune femme en tablier également blanc. «Elle fait cuire une boisson à l'orange que nous sommes en train d'élaborer», explique Daniel Laloux. Cuire ? «Bien sûr, explique doctement le cuisinier, ingénieur en agroalimentaire. Ce genre de produit est appelé à être pasteurisé. On doit vérifier que sa fo