Menu
Libération

La femme, ça se dégrade ?

Article réservé aux abonnés
publié le 16 novembre 2002 à 1h48

A droite comme à gauche, celles et ceux qui luttent contre la prostitution et la pornographie ne le font pas ouvertement au nom de la défense du puritanisme, mais pour s'indigner contre ce qui «dégrade l'image de la femme». Pour autant, quand il a été débattu des pornos à la télé, le CSA n'a pas recommandé la diffusion exclusive de films pédé qui auraient laissé intactes la femme et son image ­ à moins que l'une et l'autre soient également dégradées d'être tenues à l'écart de la sexualité de certains. C'est le sexe lui-même qui est en question, et non la dignité ou l'indignité éventuelle d'un des participants. Quand publicitaires et pornographes montrent la femme nue, ils dégradent son image. Quand les islamistes la voilent de pied en cap, ils la dégradent aussi. Va falloir faire gaffe à comment s'habiller, on doit être à la mode sous peine de procès. Et si on lutte contre la prostitution qui met les préservatifs sur nos trottoirs, faudra-t-il également interdire de baiser aux couples légitimes qui auront abandonné une capote dans la rue ?

Ce n'est pas la femme, mais son image qui serait dégradée. C'est curieux parce que, en termes de représentation, une scène de torture fait habituellement plus de tort à l'image du bourreau qu'à celle de la victime. Pour prendre le cas du dégradé le plus gradé de l'histoire de France, l'image de l'armée française n'a pas reçu une foudroyante promotion du fait de l'affaire Dreyfus. Il est difficile d'appliquer une morale préfabriquée à toute