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Le Japon fou de la traction d'avant

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Rendez-vous annuel de collectionneurs, le festival de Kurumayama rassemble les fêlés de la 4L, les dingos de la 2CV, les fadas de la Simca... A croire que sur l'archipel, tout ce qui est vieux et français devient décalé et branché.
publié le 16 novembre 2002 à 1h48

Nagano envoyé spécial

Briquée comme un sou neuf, la mécanique tricolore rugit sous les coups d'accélérateur. Sur le capot, une tour Eiffel nargue les carrosseries sobres des voitures japonaises voisines. Soignée, bichonnée, la précieuse automobile de Tomohiro Sakurai capte les regards telle une pin-up sous les flashs. Le brouil lard épais des Alpes japonaises recouvre depuis l'aube la place centrale de Kurumayama (littéralement, le mont Voiture) mais les milliers d'aficionados nippons de l'auto «made in France» n'auraient pour rien au monde raté leur rendez-vous annuel. Autour de Tomohiro, l'un des vétérans de ce rassemblement, un groupe de fanas applaudit aux moindres convulsions du moteur qui n'a pourtant rien d'un V6. Venu de Nagoya en famille, ce mécanicien japonais n'est autre que l'un des plus célèbres collectionneurs nippons de Renault 6, un modèle pas vraiment réputé pour son design et ses performances. Tout comme quelques autres «perles» désuètes à quatre roues stationnées à côté : Citroën Diane, Renault 12, Ami 8 ou autre Simca 1000. Bienvenue au royaume de la France «kakui» (prononcez : ka-koo-i), la France «cool», décalée, nostalgique et irréelle à laquelle bon nombre de Japonais vouent un véritable culte.

Pastiche de fête foraine. On connaît l'attrait des citoyens de l'archipel pour le luxe hexagonal, style Vuitton-Hermès. Côté bagnoles, la France classique a aussi son fan-club, composé de mordus d'Alpine Renault, de DS ou de tractions importées à prix d'or ou ach