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Interview

Les squats artistiques ressuscitent les ruines industrielles

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Jean-Luc André d'Asciano : critique d'art, explique la place du squat dans nos sociétés modernes.
publié le 16 novembre 2002 à 1h48

Pourquoi vous êtes-vous intéressé aux squats artistiques, ces lieux que vous qualifiez de «ruines symboliques» ?

Je me suis rarement intéressé à un artiste en soi, plutôt à un mouvement global. Mon premier rapport aux squats est architectural. Les collectifs occupants donnent l'occasion de découvrir des bâtiments habituellement fermés, ou murés, qui sont des ruines industrielles. Ce sont des espaces qui généraient du travail, représentatifs des rapports de force entre classe ouvrière et patronat, et qui structuraient aussi tout un quartier. Ces entrepôts abandonnés, magnifiques souvent, incarnent la fin de l'âge d'or du capitalisme, et la faille de ce système. Ils sont devenus des lieux de démission sociale, politique, urbanistique. Le quartier alentour subit aussi cette démission. Et ce n'est pas un hasard si les squatters investissent, plus ou moins consciemment, ces friches symboliques et paradoxales qui étaient grouillantes de vie et traversées par la violence du travail. Parmi quelques squats historiques à Paris, beaucoup sont d'anciennes usines. Le 6, rue d'Arcueil était un ancien entrepôt de stockage de bombes ; l'Entrepôt, une ancienne usine EDF ; Soeur Rosalie, un établissement Tricosat ; Palikao, une ancienne usine ; l'OEil du cyclone fut une imprimerie ; le Garage St-Ouen était un garage ; l'usine Mappa, une usine de gants ménagers. Aujourd'hui, il y a La Miroiterie, la Maison de la plage, la Brick, Baltazzart, le Solarium, l'usine Gaupillat à Meudon...

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