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Libération

Gare au gorille

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publié le 7 décembre 2002 à 2h03

Le mardi 3 décembre dans la page Sciences de Libération, un gorille nous regarde. Son environnement forestier est un faux ami. Ce primate n'émerge pas des contreforts de la montagne Virunga, à la frontière du Rwanda et du Congo, mais du sous-bois d'un parc animalier sis à Romagne-Poitiers, dans le département de la Vienne.

Son regard par contre est un vrai ami, billes de jais qui, avant de nous fixer, ont regardé l'objectif du photographe Claude Pauquet dans un mélange de stupeur, de doute, d'effroi peut-être, de désolation sûrement. On saisit alors tout le sens mélancolique de l'expression «faire les gros yeux».

Le dictionnaire dit des gorilles qu'ils sont anthropomorphes. Et si c'était le contraire ? La moindre visite à la galerie des singes du jardin des Plantes (Paris XIIIe) le confirme lorsqu'on voit à tant d'indifférence de leur part que les plus encagés ne sont pas forcement ceux qu'on croit. Même en état de coït, qui semble leur être un état naturel, les singes regardent ailleurs. Cette photo contrarie la théorie de l'évolution. Ainsi, on a le sentiment que pour ce portrait réalisé à l'automne de cette année, notre ami ­ par politesse, appelons-le Koko, en hommage à l'insurpassable Koko, le gorille qui parle de Barbet Schroeder (1977), film chéri par Marguerite Duras ­, l'ami Koko, donc, a enfilé un débardeur dit marcel pour parer aux premiers frimas. Pas si bête, en somme. Mais ce qui trouble encore plus, c'est sa force tranquille, la vraie, pas celle de Mitterrand, p