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Libération

La gauche jospinisée

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publié le 7 décembre 2002 à 2h04

Un débat hante la gauche : est-ce son intérêt d'être de gauche ? On voit bien le problème en évoquant deux anciens ministres qui, avec Elisabeth Guigou, ont été hués en tâchant de s'introduire dans une manifestation CGT. Daniel Vaillant va-t-il s'élever contre le gouvernement Raffarin en dénonçant le budget trop faible alloué à Nicolas Sarkozy et à notre sécurité ? Et, pour retrouver une plus grande intimité avec les électeurs disparus, va-t-on nous métamorphoser Ségolène Royal, l'ex-reine des mamans, en petite mère du peuple ? Le rapport Kriegel est-il trop laxiste ? La pornographie, est-ce le fait que la télévision nous montre parfois des êtres humains faisant l'amour tout nus ou que la gauche contribue à accroître l'écart entre riches et pauvres ? Au sein même du Parti socialiste, certains disent : «Soyons de gauche», d'autres : «Soyons raisonnables» (comme si la gauche en soi était folie), alors que tous pensent, ce qui n'a rien de honteux, «Soyons élus». Au demeurant, ceux qui reprochent à Henri Emmanuelli ou Marie-Noëlle Lienemann d'être trop à gauche ont la mémoire courte, s'ils ne sont pas de mauvaise foi : on a eu l'occasion de voir dans l'action, quand le PS était au pouvoir, qu'ils n'étaient pas du tout si à gauche que ça, ils ont fait l'affaire comme les autres.

Si la droite est le camp des privilégiés et la gauche celui des exploités, on ne peut interdire à personne de rêver avoir de confortables raisons d'être de droite. C'est un effet pervers du suffrage univer