Elle a l'air toute perdue Isabelle. La quarantaine, elle reste à la porte du magasin Tammy des Halles et fume une cigarette. De temps en temps, elle jette un oeil vers l'intérieur, les portants chargés de tee-shirts à paillettes. Sa fille Lou est là, au milieu de la meute des autres gamines. «Elle choisit un pull, elle en a besoin, lâche sa mère. Mais je n'ai pas le courage d'y aller avec elle.» Quand Lou passera à la caisse, Maman viendra payer et pourra poser son veto. «Parfois elle choisit des choses qui me font un peu peur, dit-elle. Je ne peux pas imaginer la laisser partir à l'école le nombril à l'air, dans un tee-shirt à paillettes. C'est ma petite quand même.» Isabelle ne se souvient pas d'avoir remarqué cette frénésie de mode chez ses deux grands de plus de 20 ans. Lou, elle, lui paraît être sacrément en avance sur son âge et refuse de mettre un pantalon qu'elle n'aurait pas choisi. D'autres parents, d'enfants pas forcément tyrans, rapportent le même phénomène : jeux vidéo pour adultes qui tournent sur les ordinateurs de mômes de 11 ans, rouge à lèvres et vernis à ongles pour des fillettes de 10 ans. Fascination pour des séries télé qui font peur, comme Buffy contre les vampires sur M6.
Etre attiré par ce qui n'est pas de son âge a toujours été une envie présente chez les enfants. Qui n'a pas essayé de piquer les fringues de sa grande soeur ? Avoir à disposition des boutiques, des magazines, des séries de télé-réalité qui érigent ce mûrissement précoce en modèle est