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Libération

Variations sur la question turque

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par Daniel RONDEAU
publié le 14 décembre 2002 à 2h08

Samedi

Avant de toucher aux bornes frontières

Dominique de Villepin et Michel Déon sont pour. Giscard a fait savoir son opposition, en même temps qu'Hubert Védrine. J'évoque bien sûr l'entrée de la Turquie dans l'Europe, devenue en quelques jours un sujet de passion française. C'est un débat complexe, qui pose la question de la frontière. Avant de déplacer ­ ou non ­ les bornes du limes européen, les uns et les autres devraient dire de quelle Europe ils parlent. Avant-hier soir, pendant l'enregistrement de Campus, stupéfaction d'entendre Rocard dresser l'acte de décès d'une Europe souveraine. S'il s'agit de construire une Europe réduite à l'euro, avec une couverture militaire Otan, on peut envisager une zone de libre-échange de Ouarzazate à Vladivostok. Cette version «grand marché» risque de précipiter la notion même d'Europe vers le néant de l'informel et d'achever la dissolution de notre moi, déjà mal en point. Si, au contraire, on envisage l'Europe comme une nouvelle patrie pour les Européens, il est impossible de faire l'économie d'une réflexion sur le principe d'une appartenance commune. Ce principe ne peut être défini par la peur, ni par un critère seulement fondé sur la démocratie ou les droits de l'homme (la Nouvelle-Zélande et le Japon sont des démocraties et elles n'appartiennent pas à l'Europe).

Dimanche

Loin de Paris, cinq ans déjà

Première attaque de l'hiver à Commercy. Le mercure flirte avec le zéro ; brouillard, moire grise, le ciel sur les toits. Je commence la jo