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Libération

Jospin, le syndrome du commandeur

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publié le 8 février 2003 à 22h11

Lionel Jospin a quitté la vie politique active, mais son ombre continue de planer sur la gauche et, bien sûr, tout particulièrement sur le parti socialiste. Depuis plus de vingt ans (depuis que François Mitterrand l'a adoubé premier secrétaire du PS en 1981), il tenait les premiers rôles de ce côté-là. A partir de l'élection présidentielle de 1995, il a engagé le PS sur la voie escarpée d'un réformisme social-démocrate s'efforçant de concilier réalisme, solidarité et éthique. Il y a neuf mois, il a été sévèrement éliminé au premier tour de l'élection présidentielle.

Depuis, malgré son retrait proclamé et réitéré, il suscite toujours autant de non-indifférence et parfois de réactions passionnées. Lui qu'on présente souvent comme un rationnel austère provoque des bouffées de subjectivité, popularité et hostilité mêlées, estime et agacement enchevêtrés, nostalgie, rejet et espérance entrelacés. Vis-à-vis de lui, nombre de militants socialistes se comportent à la fois en parricides et en orphelins. Lionel Jospin s'installe sur le socle du Commandeur.

Il suffit d'ailleurs d'observer les réactions à l'ample tribune qu'il a publiée la semaine dernière dans le Monde pour s'en convaincre. Au PS comme chez ses ex-alliés Verts et communistes, on s'impatientait jusqu'alors de son silence. A peine a-t-il saisi sa plume qu'aussitôt commentaires et exégèses ont bouillonné, comme s'il s'agissait d'une encyclique pontificale ou de la dictée de Bernard Pivot.

Certains ont jugé qu'il esquivait to