Dans la petite famille de la recherche bananière, deux clans s'affrontent, gentiment : les «pro» et les «anti» OGM. Les deux sont également convaincus que le secteur manque de sous et de bras. La stratégie des «pro-OGM» est simple : d'abord on sonne l'alarme, ensuite on sort de son labo une banane génétiquement modifiée, formidablement résistante à tous les assauts des parasites, peu coûteuse à produire, bref, idéale. Deux semaines après un article alarmiste le 18 janvier, l'hebdomadaire New Scientist publiait un article sur les travaux de Philippe Vain, à Norfolk en Grande-Bretagne. Le chercheur a utilisé une bactérie dans laquelle il a transféré un gène de riz. Ce gène produit une protéine appelée la cystatine, qui bloque la production d'une enzyme essentielle pour la digestion des nématodes. Du coup, les parasites ne peuvent ni grandir ni se reproduire. Même si la recherche en question a porté sur une famille de nématodes peu dangereuse pour la banane et qui attaque plutôt la pomme de terre, le message est passé : aidez-nous à créer une superbanane, sinon... L'article du New Scientist a stupéfait de nombreux chercheurs et ému le microcosme bananier international (producteurs, opérateurs commerciaux, etc.).
Si le Centre de recherches internationales sur la banane et la plantain (Inibap) a mis le feu aux bananeraies, c'est surtout pour récolter des fonds. A côté des céréales stars maïs, riz ou blé qui mobilisent des centaines, voire des milliers, de chercheurs, la banane