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Libération

Guerre et paix intérieures

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par Lorette NOBECOURT
publié le 29 mars 2003 à 22h25

Samedi

Le droit au comique

Je me souviens de cet ami journaliste, le lendemain de mon arrivée à Rome au mois de novembre dernier, et qui m'avait affirmé, non sans une certaine gravité : «Tu n'as pas le droit de te tenir ainsi à l'écart du monde.» Déjà je ne lisais plus les journaux depuis quelques années, et j'ignorais que la terre avait tremblé aux environs de la capitale italienne. Je me souviens que ce mot-là de «droit» m'avait semblé alors éminemment comique. Le monde me vient de l'intérieur, à travers chacun de mes organes. Je le regarde avec «curiosité mais en définitive l'impassibilité d'une espèce qui en observe une autre» (Jim Harrison). Je suis absolument étrangère à toute notion de désastre depuis un certain temps. Il faudrait pour cela se prendre pour soi-même. Piazza del Popolo, vers 15 heures, j'ai vu un petit chien courir ventre à terre vers un gros bâtard qui faisait deux fois sa taille. Cette curiosité intrépide m'a plu. Hier, c'était le premier jour du printemps. J'ai écouté Gabriel Fauré. Elégie, Op. 24. Cet après-midi-là, je voudrais qu'elle ne finisse jamais.

Je sais bien qu'il y a la guerre. De celle-là qui a lieu en Irak, je n'ai rien à en dire. Elle m'est réellement indifférente. De celle qui se mène, invisible, pour la vie vivante, je pourrais dire ceci : elle n'autorise aucun répit. C'est la mienne.

Dimanche

Silenzio !

En me promenant le long des jardins de la Villa, je marche le long de mon propre corps. Mon amour est venu de Paris. Silenzio !

Lundi

Pace

Je