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Libération
Interview

"Les pays arabes doivent savoir que leur sort est lié à celui de l'Irak"

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Mohamed Sid Ahmed, intellectuel égyptien, analyse l'onde de choc de la guerre du Proche-Orient au golfe Persique.
publié le 5 avril 2003 à 22h38
(mis à jour le 5 avril 2003 à 22h38)

Cette guerre marque, selon vous, un tournant fondamental de l'His toire. La chute du mur de Berlin a symbolisé la disparition d'un des deux pôles mondiaux. Ce qui en a résulté, c'est la suprématie américaine, notamment militaire. Et la tentation, pour les Etats-Unis, d'aller en guerre dès qu'un conflit émerge et les dérange. Les attentats du 11 septembre ont reflété l'opposition à cette suprématie américaine. C'est un phénomène qui se manifeste sous diverses formes, dont le terrorisme. En fait, on voit qu'il n'y a pas eu disparition, mais transformation de la bipolarité. Auparavant, deux blocs de pays s'affrontaient sur des critères idéologiques. Ils se rejetaient mais ne pouvaient pas s'éliminer, il y avait obligatoirement une reconnaissance mutuelle de l'existence de l'autre, juridiquement parlant. Ce n'est pas le cas aujourd'hui.

Les Etats-Unis ne se sentent plus en devoir de respecter le système hérité de la Seconde Guerre mondiale. La charte des Nations unies, c'est les vainqueurs de la guerre contre les vaincus. Or les choses ont changé. L'Allemagne et le Japon ne sont plus des vaincus, la Russie n'est pas l'Union soviétique. Il y a un décalage entre le jeu des forces actuelles et leur expression juridique définie par la légalité internationale. Quand des disputes passent au premier plan, ce problème devient explosif. La guerre contre l'Irak a une signification mondiale et historique. Son enjeu est de savoir quelle est l'alternative au monde du XXe siècle. Est-ce un mon