Christian Moretti est ethnobotaniste et directeur de recherche à l'Institut de recherche pour le développement à Orléans.
Les firmes pharmaceutiques ont-elles encore souvent recours à l'ethnopharmacologie, c'est-à-dire à l'étude des plantes utilisées par les médecines traditionnelles, pour découvrir de nouveaux médicaments ?
L'étude des savoirs traditionnels contribue toujours à l'innovation thérapeutique. Mais les grandes industries pharmaceutiques prennent de moins en moins ces savoirs en compte. Pour trouver de nouvelles molécules actives, elles préfèrent utiliser le criblage à haut débit. Une méthode qui leur permet de tester des dizaines de milliers d'échantillons par mois. Grâce au criblage à haut débit, la firme Merckx est capable d'évaluer l'efficacité de 60 000 extraits par mois. Le savoir traditionnel n'a alors plus beaucoup d'importance, l'important étant d'acheter un maximum d'extraits à tester pour avoir des «bibliothèques» d'échantillons les plus importantes possible. Elles préfèrent aussi utiliser des méthodes de recherche standardisées pour éviter d'être taxées de «biopiraterie».
La convention de Rio signée par 144 pays lors du Sommet de la Terre en 1992 ne permettait-elle pas d'éviter ce «biopiratage» ?
L'article 8-J prévoit en effet de partager les bénéfices et les avantages issus de la biodiversité. On ne peut plus travailler comme il y a vingt ans et se dire «je viens, je récolte et je m'en vais». Lorsque l'on démarre un programme de recherche impliquant les