Niger envoyé spécial
«Ici, quand j'étais jeune, il y avait des lions.» Saley Isiaka, le vieux chef Zarma, s'est allongé sur son lit de branchages, devant sa case en briques d'argile moulées et séchées au soleil. C'est la nuit. Il fait presque frisquet, après les 42 degrés à l'ombre de l'après-midi. Soucieux d'honorer son rang devant l'étranger, il a fait égorger une chèvre. Et, sous les étoiles, raconte les années 50, au village d'Alzou, 150 kilomètres au nord de Niamey, deux heures de piste après avoir quitté Tillabery. Ce qu'il dit étonne. «Je chassais, avec les flèches.» Dans les fourrés, il y avait «girafes, phacochères, antilopes...» Ce qui surprend n'est pas la «préparation» magique, indispensable au succès de la chasse, mais qu'il y ait eu le moindre animal sauvage à tuer. Autour du village, se déploie un paysage de sable et de rocs. Une végétation rare. Certes, la saison sèche d'octobre à mai renforce l'impression d'aridité. Mais où sont les «fourrés impénétrables» ?
Les plus denses occupaient le bas-fond du terroir villageois. Aujourd'hui s'y trouve une mare, reste de la saison des pluies 2002. Les paysans espèrent qu'elle tiendra jusqu'à la prochaine. Autour, des champs de mil, parsemés d'acacias, où les bovins et les chèvres des pasteurs Peuls paissent les restes. Le sol sableux «est fatigué», dit le chef, et ne produit plus assez pour nourrir le village. Il compte sur les champs de pastèques séchées en tranches pour le marché de Tillabery. Sur les calebasses