Pourquoi un livre spécifique sur les femmes écrivains d'Irak ? Les gens s'étonnent que des livres aient continué d'être édités en Irak au cours des trois dernières décennies. Il est vrai qu'après deux guerres du Golfe (nous comptons la guerre Iran/Irak comme la première) et au travers de douze années d'embargo, la qualité des imprimeries de Bagdad est devenue si exécrable que certains textes publiés sont presque illisibles : je raconte comment la poétesse Siham Jabbar a dû littéralement «ressemeler» son recueil, en collant des petits bouts de papier rapiécés sur les passages illisibles et en réécrivant à la main dessus. Le papier lui-même... n'est pas du papier. Les gens se sont habitués à écrire sur n'importe quoi, des feuilles usagées, des vieilles factures, des sacs d'emballage. Mais l'écriture n'a pas cessé. Parfois, en outre, elle s'est accomplie en exil. Si j'ai tenu, cependant, à privilégier le point de vue des femmes écrivains, c'est parce qu'elles parlent mieux de la réalité irakienne, dominée par l'omniprésence de la guerre, de la peur et de la pénurie. Le discours des hommes est différent. Certains ont passé jusqu'à dix ans de leur vie dans l'armée. Ils parlent de la guerre vécue de l'intérieur. Les femmes parlent de la guerre vécue dans les familles, dans l'intermittence de la relation homme/femme. Leurs textes racontent le changement du visage de l'homme qui doute de lui-même et ne se reconnaît pas dans le miroir. Il rentre chez lui en permission et il n'est pas
Interview
En Irak, la polygamie est revenue en force, même dans les villes
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publié le 19 avril 2003 à 22h54
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