La quête du génome a longtemps utilisé les ordinateurs sans contrepartie : pas moyen de manipuler le livre de la vie et ses milliards d'informations sans une armada d'informaticiens et d'ordinateurs. Mais l'ADN a fini par payer de sa personne. Selon la légende, c'est au sortir de la sieste que Léonard Adleman aurait eu un éclair de génie. C'était en 1993, et ce matheux, connu pour avoir mis au point des méthodes de chiffrement des messages, a rêvé d'une informatique à quatre pattes. Exit les anté diluviens 0 et 1 du binaire, place aux A, C, T, G, les lettres de l'alphabet de l'ADN. Car la molécule d'ADN est formidable. Dans la double hélice, s'il y a une molécule d'adénine (A) sur l'un des brins, il ne peut y avoir qu'une molécule de thymine (T) sur le deuxième brin. Idem pour la cytosine (C) et la guanine (G). Quand on mêle des brins complémentaires, ils s'apparient comme les pièces d'un puzzle. Ce qui permit à Adleman de produire le premier calcul par ADN de l'histoire, flanqué d'enzymes en guise de complices : trouver le trajet le plus court que doit parcourir un voyageur pour relier un ensemble de villes. Problème coton avec plein de cités. Bien sûr, on ne verra jamais de micro-ordinateurs «biologique» ; le moindre «calcul» prend des minutes, voire des heures. Mais le contenu d'une simple éprouvette pourrait résoudre en théorie des problèmes qu'un ordinateur électronique mettrait des millions d'années à dompter. Depuis les travaux d'Adleman, des scientifiques israéli
Informatique. La calculette à double hélice
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par Denis DELBECQ
publié le 26 avril 2003 à 23h00
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