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Interview

Les conservateurs au pouvoir ne représentent pas l'Amérique

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Michael Lind, chercheur et essayiste, a rompu, en 1995, avec les républicains, en dénonçant la montée en puissance de la droite chrétienne.
publié le 3 mai 2003 à 22h51

Ari Fleischer, porte-parole de la Maison Blanche, affirme que Bush prend ses décisions «comme un dirigeant laïque», mettant de côté sa religion. Le croyez-vous ?

Non, car George W. Bush croit sincèrement que Dieu le guide. Il est imprégné d'une culture religieuse fondamentaliste, qu'il a adoptée quand il approchait de la quarantaine. Je suis texan et je connais très bien cette culture. Je vous assure qu'au Texas, les hommes politiques ne simulent pas quand ils affichent leur foi en Jésus. Les conservateurs religieux, qui sont aujourd'hui au pouvoir à Washington, évitent d'ailleurs de faire trop de publicité autour de leurs pratiques : ils n'insistent pas, par exemple, sur les réunions de prières qu'ils organisent à la Maison Blanche ou au département de la Justice.

L'Amérique n'est-elle pas de plus en plus religieuse ?

C'est l'impression ­ fausse ­ qu'elle donne, à cause de l'importance qu'a prise le Sud dans la vie politique américaine depuis une trentaine d'années. Les démocrates ont cherché à retenir les électeurs blancs du Sud, les républicains ont cherché à les attirer. Or les Blancs du Sud sont profondément religieux et très pratiquants. Pour les séduire, les candidats ­ notamment à la présidentielle ­ font de la surenchère : c'est à qui parlera le plus de Dieu. Mais cette période est en train de s'achever. Ceux qui, parmi les Blancs du Sud, sont profondément religieux, ont tous basculé chez les républicains. L'enjeu disparaît, et on devrait de moins en moins entendre pa