Samedi
Mondialité
L'air est bouleversé de nouvelles qui n'en sont pas, chacun de nous les a devinées avant même qu'elles nous arrivent. Nous avons ainsi acquis une qualité de prescience tramée dans la mécanique de l'«Information». La relation des événements finit par précéder les faits eux-mêmes, ou plutôt c'est elle qui leur donne corps. Et comment distinguer dans ce flot ? Le président de la République de Chine visite Beijin à mains nues et sans masque. (L'épidémie risque d'être bientôt mondiale). Un militaire des Etats-unis prédit qu'ils trouveront les armes de destruction massive disséminées dans le sous-sol irakien comme un pétrole clandestin. (La guerre serait-elle justifiée ?) Des organisations militent pour une bio-diversité de la planète. (Mais ne sera-t-elle pas manipulée par les hommes, et par exemple de nature transgénique ?)
Le fait divers le plus ponctuel est ici, aussi important que l'événement le plus spectaculaire. Nous vivons tous désormais dans des lieux communs, dont je devine que ce sont les lieux où des pensées du monde rencontrent des pensées du monde. Il n'y a pas pour nous de «petits» théâtres, et tous ces lieux sont primordiaux. Autre point commun : nous nous habituons sans le vouloir à ce flot continu, de plus en plus placides, comme insensibilisés devant la répétition de ces champs de dévastation, de ces morts qu'on ne compte plus et qu'à la vérité on tâche de cacher, de ces cris impuissants. C'est comme si dans le monde il n'y avait plus que trois s