Londres de notre correspondant
Les effectifs des grands partis sont en recul. L'engagement politique semble sur le déclin. La participation électorale ne cesse de baisser. Les sociétés modernes sont-elles en voie de dépolitisation ?
Je ne pense pas du tout que ce soit le cas. Il y a eu un changement significatif dans les formes d'organisation et d'engagement politique. Nous constatons effectivement un déclin réel des grands partis, des associations locales, des clubs sportifs... Certains en ont tiré la conclusion d'une crise générale de l'engagement civique, en dépit d'exceptions notables. Au milieu des années 90, les effectifs du Socialist Workers' Party (petit parti trotskiste) ont soudain augmenté. Si les indicateurs traditionnels montrent un recul du militantisme, il se développe bien d'autres formes d'engagement que l'on ne sait pas mesurer ou que l'on mesure mal. Toujours dans les années 90, Londres a été le théâtre d'une série de manifestations radicales qui réunissaient entre 3 000 et 25 000 personnes. Il s'agissait d'organisations fluides, anti-hiérarchiques, sans adhérents, qui tenaient des réunions sur une base régulière et rassemblaient un certain nombre de gens déterminés à changer leur mode de vie. Loin d'un phénomène de dépolitisation, nous assistons au contraire à une multiplication des modes d'engagement : ravers, taggers, hackers, éco-activistes...
Mais ces groupes, aussi nombreux soient-ils, ne se rapprochent-ils pas davantage des avant-gardes ou des sociétés