Le congrès de Dijon a fait un vainqueur, François Hollande, et deux bénéficiaires, Laurent Fabius et Arnaud Montebourg. Le Premier secrétaire a pris le pouvoir avec une habileté consommée et une fermeté naissante. L'ancien Premier ministre a prononcé un discours si parfaitement accordé au climat social et à l'humeur du congrès que ses pires détracteurs ont dû l'applaudir. Le dernier ministre des Finances de Lionel Jospin aurait certes étrillé quelques passages qui relevaient plus du socialisme du souhaitable que du socialisme du possible.
S'il fallait rappeler à tous son envergure intellectuelle et son autorité naturelle, c'était néanmoins très réussi. Pour Arnaud Montebourg, il ne s'agissait encore que de la dernière scène du premier acte de l'ambition qui l'embrase. A 40 ans tout juste, l'enfance d'un chef, il n'en a pas moins réussi une percée spectaculaire au sein d'un parti en train de retrouver ses esprits. Arnaud Montebourg ressemble étrangement au Chevènement d'il y a vingt-cinq ans. Même physique romantique animé par un éclat sombre que l'on imaginerait facilement en député régicide de la Convention. Même éloquence furieuse servie par un charisme inné qui exaspère ses rivaux et parfois ses amis, même ivresse d'un verbe plus recherché que contrôlé ; même dandysme discret dans l'allure, même capacité à se créer des admirateurs fascinés et des ennemis jurés ; même goût des réseaux et même certitude d'être l'homme d'un destin ; même incapacité absolue à toute forme d'aut