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Libération

Europe: vivement la crise

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publié le 7 juin 2003 à 23h18

Malgré le brio et l'opiniâtreté de Valéry Giscard d'Estaing, la réforme cruciale des institutions européennes est mal partie. Dans deux semaines, le président de la Convention doit présenter au Conseil européen le résultat définitif des travaux de son assemblée. Il n'est pas sûr qu'il puisse défendre un texte de consensus, tant les conservatismes et les égoïsmes nationaux s'exaspèrent à la veille des choix ultimes. Il est même d'ores et déjà certain que le résultat sera au minimum frustrant, au maximum accablant. Après le détestable traité de Nice qui facilite le blocage des décisions et surreprésente de façon indécente les Etats les moins peuplés mais aussi d'une façon arithmétiquement et politiquement injustifiable, l'Espagne et la Pologne, il est absolument indispensable de rendre les institutions européennes viables à vingt-cinq : c'est même pour cela que la Convention a été mise sur pied. Or, après quinze mois de travaux harassants, neuf pays menés par Madrid et par Varsovie, bien entendu inspirés par la Grande-Bretagne, proposent benoîtement d'en rester au traité de Nice sur le plan institutionnel. En somme, la Convention se serait échinée pour rien et, au moment où l'élargissement à vingt-cinq va intervenir, tous les défauts du traité de Nice seraient conservés. Autant dire que les neuf pays en question jouent l'enlisement de l'Europe et la fin de ses ambitions. Mieux vaut mille fois une crise plutôt que pareil renoncement. Si un rééquilibrage équitable des droits de