Vous encouragez depuis plusieurs années une «prospective du présent». Or, qui dit prospective pense spontanément au futur...
Nul besoin de se projeter dans le futur pour percevoir des changements sociétaux. La société civile manifeste beaucoup de vitalité ; les individus témoignent d'une grande capacité d'innovation, par exemple dans la gestion des microcrises de la vie quotidienne, au sein de leur entreprise, de leur famille. Ils s'impliquent davantage dans les décisions qui les concernent directement. Cela tient sans doute à une tendance accrue à l'individualisme, mais aussi à l'élévation du niveau d'éducation et du capital culturel. En revanche, les institutions peinent à se réformer. La prospective du présent est un travail systématique d'interprétation de cet hiatus entre l'évolution assez lente des pratiques institutionnelles et la transformation rapide des réalités spontanées et diffuses. Elle fait l'hypothèse qu'une partie du futur se trouve déjà là, dans l'écart entre ces deux ordres de réalité. Elle se veut attentive à l'émergence des nouveaux comportements qui portent en eux des germes de futur. La prospective du présent s'efforce de renouer, dans le respect de la durée, un dialogue interactif entre le présent agissant, le passé comme expérience et l'avenir comme horizon de responsabilité.
Comment procède-t-elle ?
Alors que la prospective classique travaille sur le champ des possibles (les «futuribles») par extrapolation des tendances du passé, la prospective du prés