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Libération
Reportage

SOS vieux livres

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Au château de Sablé-sur-Sarthe, la Bibliothèque nationale tente de sauver ses «malades», attaqués par le temps et l’acide.
publié le 21 juin 2003 à 23h31

Sablé-sur-Sarthe envoyée spéciale

Un jour par semaine, la camionnette part du château de Sablé-sur-Sarthe pour Paris. Elle y fait sa tournée habituelle. D'abord la bibliothèque de l'Opéra, puis Richelieu, celle de l'Arsenal et enfin Tolbiac. A chaque arrêt, elle échange son poids de livres «soignés» contre des «malades». L'utilitaire est de retour au château dans la journée. Là, dans le grand hall d'entrée, des portraits des ducs de Chaulnes et de Luynes regardent de haut les bacs de livres qui s'amoncellent depuis que la Bibliothèque nationale de France y a installé le centre technique Joël-Le-Theule au milieu des années 80. Dans cette propriété du XVIIIe, ancienne demeure de Colbert de Torcy, puis fabrique de chicorée après la Première Guerre mondiale, se livre quotidiennement une course contre le temps et contre l'acide.

Le ver dans le fruit. «Prenez ce livre, dit Jean-Charles Niclas, le directeur des lieux, en tirant un spécimen d'un bac. Il est jauni, le bord s'effrite sous la main, il se casse au mors... Un ouvrage de 1930 qu'il va falloir désacidifier...» Comme l'immense majorité des imprimés fabriqués entre 1850 et 1950, il a été fabriqué avec une matière chargée en acidité. Avec l'industrialisation de masse, la pâte à base de chiffons a été abandonnée au profit d'une pâte à bois plus ou moins bien purifiée avec un encollage à la colophane. Le ver a été introduit dans le fruit. On n'a découvert le problème qu'au début des années 70. «Ces ouvrages s'autodétruisent, qu'o