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Une mine à Web ouvert

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Mise en ligne, au Québec, des classiques des sciences sociales. Les PUF s'insurgent, copyright oblige.
par Karen BASTIEN
publié le 21 juin 2003 à 23h31
(mis à jour le 21 juin 2003 à 23h31)

Deux nouveaux ouvrages, le Léviathan de Thomas Hobbes et De la liberté de John-Stuart Mill, viennent de rejoindre sa bibliothèque. Devant ses 628 classiques des sciences sociales, Jean-Michel Tremblay ne peut réprimer une certaine fierté. Ils ne sont pourtant pas alignés sur des étagères débordantes de livres, mais dans son ordinateur. Sa collection est totalement virtuelle (1). Enseignant en sociologie à l'université du Québec à Chicoutimi, ce quinquagénaire passe tout son temps libre à scanner, mettre en page et en ligne des milliers et des milliers de pages de philosophie, de sociologie, de psychologie, d'anthropologie ou encore d'économie.

Sacerdoce. L'obsession est née à l'été 2000 quand, cherchant un vieux texte de Karl Mannheim, Idéologie et utopie, il a découvert que la version française n'était plus disponible, car elle n'était plus rééditée. Avec le soutien de la bibliothèque de son université, il s'est alors engagé à rendre accessible au plus grand nombre les idées des sciences sociales. Une vingtaine de bénévoles l'ont rejoint depuis lors dans ce qui apparaît comme un vrai sacerdoce. Des professeurs, des étudiants, des ingénieurs, des ouvriers, des retraités, originaires du Canada, de France et même du Brésil. A l'image des moines copistes du Moyen Age qui retranscrivaient pour la postérité des textes latins, ils réalisent un travail de fourmis, équipés de leur ordinateur, de leur scanner et de leur logiciel de reconnaissance des caractères.