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Libération
Interview

«Ce n'est pas un geste anodin, c'est violent»

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publié le 12 juillet 2003 à 23h51

Jean-Pierre Reboul, archéologue de l'Inrap (l'établissement public qui gère les fouilles préventives en France), spécialisé dans le gallo-romain. A fait la une de «Libération» le 1er mai dans sa tenue de gaulois :

«Nous cherchions des idées de manifestation "coup de poing". L'un de nous a dit "pourquoi pas à poil?". Puisque effectivement nous nous retrouvions à poil avec la réduction de budget votée par l'Assemblée nationale en décembre dernier. Personnellement, je n'étais pas chaud. Non pas parce que ça me gênait mais, manifestant en Gaulois, je ne voyais pas le Gaulois se mettre à poil. J'ai dit que je le ferais si nous n'étions pas assez nombreux. Quand je suis arrivé sur le parvis de l'Opéra, j'ai réalisé que je ne pouvais plus reculer. On a le trac. Celui qui avait pensé à cette action a même dit : je n'aurais jamais dû balancer cette idée. Nous nous sous sommes déshabillés derrière une banderole et nous nous sommes présentés de dos au public, il était écrit "SOS archéo", une lettre sur chacun. Nous portions des masques. C'est la première fois qu'on en arrive là. Ce n'est pas un geste anodin, au moment de le faire, c'est violent, on se demande ce qu'on fait là, que va-t-on penser de nous ? Il faut vraiment être très convaincu.»

Sylvie, archéologue, seule femme à l'avoir fait :

«En période de crise, on ne parvient plus à se faire entendre. Face à tant d'indifférence, il ne reste plus que la violence que nous ne voulons pas ou la provocation. Nous avons montré que nous étion