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Libération
Interview

L'art, on le regarde, l'architecture, on entre dedans

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Ettore Sottsass, architecte et designer italien, parle du rapport de son métier avec la vie
publié le 19 juillet 2003 à 0h07

Vous avez récemment exposé au Centre Pompidou. Pourquoi avez-vous choisi les «20 ans de design pour Olivetti» ?

Je tenais à rendre hommage à Adriano Olivetti, parce que c'est lui qui a vraiment réfléchi à la manière dont une industrie peut s'intégrer à la société qui l'entoure. Qui a pensé qu'une industrie peut aider des gens, qu'elle a une responsabilité face aux ouvriers qui y travaillent mais aussi face à une région qu'elle fait vivre. Il s'est toujours intéressé à l'urbanisme et en ce sens au fait qu'une industrie influence socialement et physiquement son entourage. Il a par ailleurs fait construire un hôpital, payé pour la recherche en urbanisme, fait construire des maisons pour les ouvriers. Voilà pourquoi j'ai travaillé avec Olivetti. C'était aussi la seule industrie pour laquelle je savais ce que je faisais. Parce que les autres, généralement, vous disent que le dessin doit être réalisé en fonction des problèmes de production, de prix, de marché... On a ainsi très bien travaillé ensemble pendant plus de vingt ans.

Au début, j'étais chargé du design de la section électronique qui, en 1959-1960, commençait à se développer. Naturellement, je ne connaissais rien à ce domaine mais même les ingénieurs n'y connaissaient pas grand-chose parce que l'électronique était encore l'affaire des universités ou des grands instituts d'Etat. Il y avait donc de la place pour la recherche. Et puis très vite on a été confronté au problème récurrent : les projets étaient toujours plus lents