Douce France, où étais-tu en cet été 2003 ? Mourir de chaud, c'est un truc de pauvres de pays tropical. Se faire menacer de coupures de jus pour cause de rivières trop chaudes, c'est fort de café au pays de l'électricité nucléaire. A voir ses boeufs tripoter d'une langue lasse une herbe rase et jaune, on se croirait au Sahel. Et si cette canicule, exceptionnelle par sa durée (22 jours à plus de
35° à Lyon contre 14 en 1976) et par les records (le jour le plus chaud à Paris depuis l'inauguration des mesures, en 1873, et maxima historiques sur 70 des 180 stations météo urbaines), ne faisait que préfigurer l'avenir ? Celui que les climatologues tentent de simuler, sur ordinateur, pour mieux nous prévenir.
«Un été caniculaire type 2003 ? A l'horizon 2060, cela devrait nous arriver de trois à dix fois plus souvent qu'aujourd'hui.» Propos d'homme de l'art puisque Michel Déqué, ingénieur à Météo France, tire cet avertissement des simulations réalisées à l'aide des supercalculateurs de Toulouse. De quoi s'inquiéter. Surtout qu'il a peu de doutes sur la fiabilité de la prévision. «Ce n'est pas comme pour les tempêtes de 1999, exceptionnelles, dont il reste très difficile de déterminer si le changement climatique en cours favorisera le retour.»
La confiance du climatologue tient d'abord à l'origine du changement climatique simulé par l'ordinateur. Sa cause est humaine : les émissions passées, actuelles et futures de gaz à effet de serre, pour la plupart dues à l'usage massif du charbon,