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Libération

Du bon usage de José Bové

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publié le 6 septembre 2003 à 0h52

José Bové est une bénédiction pour le Parti socialiste. Sans l'Astérix du Larzac, la formation dominante de la gauche serait emportée par la tentation de la culture d'opposition : quinze mois après sa double déroute électorale, pourquoi ne pas se laisser porter par les échecs et les obstacles qui handicapent le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin ? Pourquoi ne pas laisser faire les rudes circonstances économiques, l'angoissante situation de l'emploi, l'amertume née de la réforme des retraites, la crainte de nouveaux sacrifices imposés par le déficit vertigineux de l'assurance maladie, l'effervescence qui continue d'agiter le corps enseignant ? Pourquoi ne pas jouer du seul registre protestataire, ne pas attendre que le reflux puis le ressac qui menacent la droite fassent leur office et préparent une nouvelle alternance, comme cela n'a cessé de se produire quasi mécaniquement depuis vingt ans au bénéfice de l'opposition, qu'elle soit libérale ou socialiste ? Pourquoi tenter d'être courageux, compétent ou imaginatif si le mécontentement des Français se charge de tout ?

Heureusement, il y a José Bové. L'université d'été du Parti socialiste a passionné 2000 personnes, le rassemblement du Larzac a drainé 200 000 participants. S'il s'agit de lancer des slogans qui font mouche, de partir en guerre contre les dérèglements de l'univers, d'alerter, de provoquer, de maudire, d'enthousiasmer, de jouer des colères, des fantasmes, des scandales et des chimères, ni François Hollande, ni La