Menu
Libération

SOS Irak battu

Article réservé aux abonnés
publié le 6 septembre 2003 à 0h52

On s'intéresse énormément aux morts américains en Irak. Si on s'était autant passionnés pour nos vieux, on aurait sans doute eu moins de victimes. Si les Américains sont aussi touchés par nos morts à nous que nous par leurs tués à eux, ils ne devraient pas tarder à débarquer en France pour mettre fin à cette barbarie. Si ce n'est que, même si on ne l'avouera jamais, chaque soldat américain abattu en Irak provoque chez nous, sinon un contentement, du moins une satisfaction. C'est la preuve qu'on a bien fait de ne pas y aller. Comme si notre merveilleuse vertu pacifiste était teintée d'un zeste de pragmatisme ­ il n'y a que des emmerdements à gagner dans cette affaire irakienne. Quand les Irakiens ou des terroristes étrangers s'attaquent au bâtiment de l'ONU à Bagdad, on trouve en revanche que c'est une honte de s'en prendre à des gentils qui étaient contre la guerre. Or, aussi déplorable soit-elle, les Irakiens ont peut-être des raisons de préférer la situation actuelle à la précédente. L'ONU, comme la France, s'est opposée au conflit mais avec une inefficacité exemplaire. Surtout, l'ONU, comme la France, a de l'embargo sur les mains. Il aurait provoqué plus d'un million de morts. On a eu bien raison de ne pas se soucier de chacun autant qu'on prétend se soucier de chaque soldat américain, on n'aurait jamais eu le temps de les pleurer tous.

Comme on aurait agi autrement, nous, si on avait dû intervenir en Irak. On aurait immédiatement mis en oeuvre un plan blanc. Tout aurait m