Samedi
De merde et d'or
Pour mon travail, je passe à la bibliothèque François-Mitterrand où le plan Vigipirate renforcé m'oblige à sortir les clés, le portable, la menue monnaie, pendant qu'un type me passe au scanner. Evidemment, je fais bip (comme le jour où j'ai volé un livre à la Fnac). On me demande de repasser. Je refais bip. «C'est la montre», soupire le gorille, et son regard lourd est secoué par une lueur de triomphe. J'enlève la foutue montre. Ce mélange de honte et de rage impuissante !
Je voudrais qu'on m'explique pourquoi, dans ce pays de merde, pour entrer dans une bibliothèque de merde, financée avec mes impôts de merde et où le plus petit document de merde n'est disponible que pour les chercheurs dûment assermentés et pas pour le citoyen de merde que je suis, je voudrais qu'on m'explique pourquoi on me fouille comme une merde en prenant d'infinies précautions quant à mes instincts kamikazes, alors que, au même moment à Londres, je peux entrer (gratuitement !) à la National Gallery ou au British Museum, sans que personne ne m'interroge sur le sac à dos où je traîne une tonne de livres et un miroir concave glané à Portobello. France, exception culturelle ? Pays de liberté ? Mes choses ! France, pays de jalousie et de trouille, rongée par le complexe d'infériorité, petite nation de petits conformismes ! France, qui agite sa déclaration des droits de l'homme comme une amulette, monarchie bovésienne, consternante de bonne conscience tissue de chauvinisme ! Je voudrai