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Enquête

Epine de blé

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Domestiqué depuis 10 000 ans, le blé pourrait connaître une nouvelle révolution, transgénique celle-là. Mais est-ce bien utile?
publié le 13 septembre 2003 à 0h58

Du blé transgénique ? Ne cherchez pas, il n'y en a pas sur le marché. Ni aux Etats-unis, ni en Argentine, ni en Chine, ni au Canada ­ terres d'accueil des OGM où croissent et se multiplient, selon les latitudes, riz, maïs, soja, colza, coton frappés au coin du génie génétique. Mais de blé, point. Première des céréales dont l'homme ait entrepris l'asservissement, il y a dix mille ans au Moyen-Orient, le blé ­ fort d'un génome complexe, hérité de l'antique mariage de trois espèces ­ est le dernier grand fleuron économique du monde végétal libre de transgénèse. Pour combien de temps ? Au printemps dernier, après dix ans de travail en laboratoire, en serres et quelques saisons d'essais au grand air sur une quinzaine d'hectares (1) nord-américains, la société d'agrobiotechnologie Monsanto a déposé auprès des autorités américaines et canadiennes une demande d'homologation pour un blé transgénique résistant à un désherbant total, le glyphosate, vendu par la firme sous le nom de Roundup.

Bras de fer. «La procédure risque d'être longue et on ne prévoit pas de faire de demande en Europe, à court terme» assure prudemment Stéphane Pasteau, de Monsanto-France. Pourtant, sur la place publique, outre-Atlantique, le bras de fer a déjà commencé. Greenpeace est en campagne ­ mobilisant chefs cuisiniers, agriculteurs bios, organisations de consommateurs et médias ­ avec le renfort du Canadian Wheat Board, la grande organisation céréalière canadienne. Inquiète de voir un jour les exportations de