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Libération
Interview

Il y a chez Berlusconi, non pas une vocation, mais une pulsion totalitaire

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Paolo Flores d'Arcais, philosophe italien, dresse un premier bilan du mouvement des Girotondi (rondes citoyennes)
publié le 13 septembre 2003 à 0h59

En janvier 2001, le procureur général du parquet de Milan et l'un des pères de l'opération «Mani pulite» contre la corruption, Francesco Borelli, avant de partir à la retraite, avait lancé un appel : «Résister, résister, résister.» Ce cri d'alarme est-il toujours d'actualité aujourd'hui ?

Plus que jamais. L'agression contre l'Etat de droit et la division des pouvoirs, qui était à l'origine du cri de Borelli, s'est poursuivie, avec le gouvernement Berlusconi, avec une violence toujours plus grande et une vitesse toujours plus rapide. Ce cri est encore d'actualité mais, surtout, il exige quelque chose de plus : que l'on passe de la résistance à la contre-offensive.

Ce cri a donné naissance, en 2002, aux «Girotondi», ces rondes citoyennes qui encerclaient les bâtiments des institutions publiques pour les protéger des projets de Silvio Berlusconi. Pour autant, depuis un an, ces rassemblements de «citoyens bricoleurs», comme vous les appeliez, semblent éteints...

Ces mouvements se sont enracinés mais ils se comportent et se comporteront à l'image de ces fleuves karstiques, dans la zone frontalière entre la Slovénie et l'Autriche, visibles, puis souterrains et invisibles, avant de resurgir à nouveau en différents petits ruisseaux qui débouchent dans un lac et deviennent ensuite tumultueux. J'use de cette comparaison pour les Girotondi car il s'agit du même phénomène : le fleuve existe, et il est grand, mais de temps en temps il disparaît. Un seul exemple : on nous a dit en crise à l'