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Libération

Le péril polonais

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publié le 13 septembre 2003 à 0h58

Durant des siècles, la Pologne a été l'alliée de coeur de la France. Elle est en train de devenir l'un de ses pires adversaires. Parmi les dix nations qui doivent rejoindre définitivement l'Union européenne l'an prochain, elle est celle qui incarne le plus intensément les risques de l'élargissement et les ambiguïtés de ce que le très francophobe Donald Rumsfeld a baptisé «la nouvelle Europe». Si l'on fait le compte de toutes ses prises de position depuis un an, la Pologne symbolise ouvertement l'Europe américaine, l'Europe vassale, l'Europe dominée, l'inverse même de l'Europe-puissance dont rêve depuis toujours la France. La Pologne d'aujourd'hui apparaît comme le cheval de Troie rustique de Washington. Elle a des excuses. La France s'est montrée particulièrement maladroite avec elle sous la Ve République, quelle que soit la couleur de la majorité en place. La politique d'équilibre que menait le général de Gaulle entre les Etats-Unis et l'Union soviétique sacrifiait sans hésitation tout lien particulier avec la Pologne. L'intimité constante du tandem franco-allemand était de surcroît aussi peu séduisante que possible pour Varsovie. L'extraordinaire aventure de Solidarnosc, première brèche au sein de l'empire soviétique, n'a guère pu s'appuyer sur Paris. La Realpolitik n'était pas polonaise et la Pologne n'a donc aucune raison d'éprouver quelque gratitude que ce soit vis-à-vis de la France. Par-dessus le marché, depuis que la Pologne a fait acte de candidature à l'Union europ