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Libération
Reportage

Trappeur de virus

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Ebola, Sras, sida... à Bangkok, une équipe franco-thaïlandaise traque l'émergence des nouvelles affections virales.
publié le 4 octobre 2003 à 1h16

Bangkok de notre correspondant

«Une maladie, c'est un paysage», explique Philippe Barbazan. Entomologiste médical, il serpente entre des tas d'ordures et des cabanes faites de bouts de tôles rouillées et de lattes de bambous, scrutant Ban Mai, un hameau de la province de Nonthaburi, à une dizaine de kilomètres de Bangkok. Un seau abandonné rempli d'une eau noirâtre at tire son regard. Il s'agenouille, verse le contenu sur un plateau et, à la lumière d'une lampe torche, pêche une à une des larves de moustique avec une pipette. «Aedes aegypti, le vecteur du virus de la dengue. Un classique dans ce type d'environnement», commente-t-il en regardant le flacon où s'agitent les embryons de moustiques.

Après avoir examiné l'intérieur de vieux pneus de motos accrochés dans un arbre et une demi-coquille de noix de coco remplie d'un liquide indéterminé, l'expert en moustiques se dirige résolument vers une fosse septique mal fermée par une plaque de béton. «C'est sale, Philippe, très sale», met en garde Boonlert Ruangsri, le technicien thaïlandais qui l'accompagne. Entouré de moustiques, le chercheur plonge une bassinette dans la fosse et en examine le contenu. «Des Quinque faciatus», cons tate-t-il sans étonnement. «Un moustique urbain que l'on surveille. Il est potentiellement vecteur de l'encéphalite japonaise.»

Comme la dizaine d'autres chercheurs du Centre de recherche sur les maladies virales émergentes, Philippe Barbazan est un chasseur de virus. Ou plutôt «un trappeur de virus», co