Menu
Libération
Reportage

L'Albe à la bouche.

Article réservé aux abonnés
Farniente et bonne pitance: rester scotché au comptoir d'un bar est peut-êtrele meilleur moyende découvrir le Piémont.
publié le 8 novembre 2003 à 1h47

Albe (Piémont) envoyé spécial

L'Italie c'est la porte à côté. On ne parle pas de Susa et du saut de puce chez Zizi juste après le mont Cenis pour le plein de Cinzano. Non. Mais les vignobles du Piémont sont amplement suffisants pour le dépaysement. Il suffit de s'arrêter un midi à Asti pour s'en persuader ­ juste le temps de voir les tours et la jolie église de San Secondo, avant de se mettre les pieds sous la table à La Piuma d'Oro, un «prix fixe» étonnant où les plats et les vins (au verre) défilent de façon magique, sereine, sans pour autant être ruineuse.

Truffe, pinard et Ferrero, mamelles de la ville

Pour les bourgeois d'Asti, la ville voisine d'Albe est considérée comme risible et ploucissima. Mais c'est une ville comme on les aime : une vraie, qui fonctionne, avec ses rythmes à elle. Pas un rat dans les rues le lundi soir, grouillante le mardi matin. Au lieu de visiter la ville, on pourrait se contenter de la voir passer au comptoir de la Brasilena, le café sur le Corso Vittorio Emanuele, juste après la Piazza Savona. La Brasilena joue de la musique acid-jazz mâtinée Ibiza, moins un signe de branchitude que d'abbondanza. Il y a au moins une Brasilena dans chaque ville du Piémont. On pourrait ne pas en bouger et subsister une semaine au comptoir, pied sur le rail, rien qu'en sifflant des ballons d'Arneis (le blanc apéro du coin), un honnête Barbera (Fratelli Revello) ou des trucs plus profonds comme un Barbaresco La Rocca, tout en décimant des hectares d'excellents hors-