Robert Delort est historien, ancien professeur à l'université de Genève et à Paris-VIII. Il a beaucoup travaillé sur les rapports entre l'homme, la nature et l'animal. Il a notamment publié Les animaux ont une histoire (Points Seuil) et plus récemment une Histoire de l'environnement européen (PUF).
Quand l'homme a-t-il commencé à se soucier de préserver un animal menacé de disparition ?
Généralement, on pense à l'aurochs de Pologne et au bison au début du XVe siècle. Mais il y a eu des mesures bien avant. Par exemple, en Occident, dès les XI et XIIe siècles, avec la croissance démographique, le défrichement des forêts, le droit de chasse s'est renforcé, et a été de plus en plus réservé à la noblesse. Et lorsque le gibier se fait rare, il faut le protéger pour que les puissants soient sûrs de pouvoir en tuer. Charlemagne avait des bisons ou des aurochs dans son parc de chasse, près d'Aix-la-Chapelle. Le cerf royal fut plus tard réservé pour la chasse des rois de France. Au XIIe siècle en Angleterre, l'ours, qui avait déjà dû inspirer le monstre de l'épopée du Beowulf (loup des abeilles) avait disparu, exterminé depuis des siècles : ceux que chasse Henri II Plantagenêt dans son parc ont été importés et protégés.
La protection souvent tardive de certains animaux est née des méfaits préalables de la chasse, bien avant la modification du rapport de l'homme à l'animal et l'éveil de la conscience écologique. On ne parlait pas alors de biodiversité.
De quand datent les grandes mesures à