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Libération
Interview

""L'école ne peut pas faire l'impasse sur l'héritage religieux""

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Esther Benbassa et Jean-Christophe Attias, directeurs d'études à l'Ecole pratique des hautes études, expliquent pourquoi il faut enseigner le «fait religieux» à l'école.
publié le 22 novembre 2003 à 2h00

Le rapport Debray et la création d'un Institut européen en sciences des religions auprès de l'Ecole pratique des hautes études (EPHE) ont officialisé une volonté politique : celle de renforcer l'enseignement du «fait religieux» au sein de l'école de la République. Comment expliquez-vous ce tournant ?

Jean-Christophe Attias : On verra si la volonté politique affichée marque un tournant dans le concret. La nécessité d'un renforcement de l'enseignement du fait religieux à l'école est actuellement largement admise. Et cette prise de conscience ne date pas d'hier. Qu'on songe seulement aux recommandations du rapport Joutard, remis à Jospin en 1989 déjà. L'école est là aussi pour aider les jeunes à se situer dans le monde. Elle ne peut donc faire l'impasse sur un héritage religieux qui a façonné et continue d'inspirer en profondeur la littérature, l'art, l'architecture, la sociabilité et les combats de l'univers où nous vivons. Notre laïcité même est fille de ce patrimoine ! Le sentiment actuel d'urgence vient d'ailleurs. Le religieux a, en effet, massivement réinvesti le champ politique, l'islamisme radical n'en étant que l'une des facettes. Et les revendications «communautaires» ­ ce qu'on appelait hier le droit à la différence ­ prennent aujourd'hui un tour souvent religieux.

Esther Benbassa : Plus globalement encore, nos sociétés sont travaillées par une demande diffuse de religieux. L'engouement pour les traditions asiatiques ou le New Age en est un signe. Chez les jeunes, musu